Chasse aux fantômes

À l’aube de mes trente-six berges
Durement frappé de gamberge
Je voudrais brûler quelques cierges
Afin que reposent mes morts.
Exorciser de ma vie d’homme
L’éclat de quelques vieux fantômes
Venus me susurrer en somme
Qu’il est passé mon âge d’or.

Elle avait une pauvre mine
Malgré sa parure d’hermine
Et sa flambante limousine
Dans une rue d’Acapulco.
Pas moins de deux années entières
Dura ce voyage à Cythère
Fini pour cause pulmonaire
Je repartis sur mon radeau.

Tout droit venue des antipodes
Fringale d’amour pour seul code
Ses caresses étaient si chaudes
Que je fondis à son contact.
Tant d’insolence en un corsage
Émut très fort le voisinage
Qui vint lui rendre ses hommages
Je me retirai avec tact.

J’ai cru découvrir la synthèse
De Paola et de Thérèse
En une fille au goût de fraise
Ce qui ne suffit pas toujours.
Dans le grand cœur de Bénédicte
Point de rancœur ni de vindicte
Mais de maux sourds que l’on édicte
En discours triste sur l’amour.

Cassons les effets dramatiques
Pour le moins que je vous indique
Ces quelques couplets exotiques
Vraiment ne me ressemblent pas.
Mes amours furent ordinaires
D’aucuns risqueraient roturières
Je craignais qu’il n’y ait pas matière
À m’exprimer sur ce point-là.

Ils plient, écartent, foulent et cassent
Les croquenots du temps qui passe
Laissant parfois de telles traces
Qu’elles vous occultent le soleil.
Au regard de mes heures grises
Femme comme nulle autre exquise
C’est celle qui fait sa valise
Sans déranger votre sommeil.