Marie

Marie portait des seins de reine
Encanaillés sous un chandail
À la faveur d’humeurs soudaines
J’les voyais rouler sous les mailles !
Mon esprit battant la campagne
Cent fois je les remodelais
Comme des châteaux en Espagne
Alors ils furent dévoilés !
Depuis qu’ils sont sur magazine
Je n’ai plus rien en magasin
Et sous le tissu je devine
Ceux d’la femme de mon voisin.

Elle était fille putative
D’un vieux vicomte apaméen
Ayant fait fortune aux Maldives
Et sous l’enseigne : « Aux trois catins »
En ariégeois qui se respecte
Il avait beaucoup épargné
Et si l’odeur était suspecte
Ses picaillons étaient bien vrais !
Marie avait un compte en Suisse
Et moi j’avais un contentieux
Marie j’veux pas que tu rougisses
On a tous les malheurs qu’on peut.

Marie chantait à perdre haleine
Dans son duplex des beaux quartiers
Moi je cherchais à perdre Hélène
Qui voulait me faire chanter!
Pour le carrément erratique
Et nu que j’étais devenu
Des perspectives domestiques
Vraiment ne me rebutaient plus.
Sans dire que je sois bien aise
D’avoir raccroché mes souliers
C’est du fond de mes charentaises
Que je mitonne mes couplets.