T’es malheureux, t’as plus un rond
Tu traîn’s tes guêtres dans le béton
Chez toi y’a mêm’ plus rien à boire
On te fait plus d’ardoise au bar
Tu croises un’ boît’, tu tap’s dedans
Tu croises un chien, tu tap’s dedans
Le temps te tue à petit feu
Tu tues le temps comme tu peux.
Tes rêves ils ont sautés d’la tour
Un jour où y avait plus d’amour
Qu’elle est partie sans dire un mot
Ta dernièr’ journée de noulot
T’as vraiment pillé le jackpot
C’est ce que t’ont lâché…les potes
Avant de tournoi les talons
Faut pas risquer la contagion.
Mais tu viens d’où, toi ?
Branche la télévision !
T’inviteras la mort à table
Les coulées d’boue dans ta cuisine
L’incendie au dixième étage
Et les yeux creux de la famine
Sous les avions chirurgicaux
Des corps humains qui se démènent
Si tu cal’s pas sur ton Royco
Tu peux toujours changer de chaîne.
Un train déraille à Bilbao
Et dégringol’ dans un ravin
En regardant bien la photo
T’as même reconnu un voisin
Il avait tout pour être heureux
Une famille et des copains
Tu vois que ça va déjà mieux
C’est pas toi qui étais dans le train.
Tes rêves ils donnent dans le gris
D’ailleurs tu rêv’ mêm’ plus la nuit
Y’a rien derrière, y’a rien devant
Y’a plus de Dieu, y’a plus d’enfant
Te resteraient bien les étoiles
Si y’avait pas ce foutu voile
Au-dessus d’la ville endormie
Quand toi tu tournes dans ton lit.
Mais d’où tu viens, toi ? Branche la télévision !
C’est le grand jour du défilé
Sur la commun’ de St-Tropez
Elles arrivent de partout
Paris, Pékin ou Malibu
Les seins ronds comm’ des soleils
Le corps doré comm’ du bon pain
Ell’s avancent, pures merveilles
En s’trémoussant d’un air coquin.
Un monsieur plutôt bien mis
Au volant de sa Ferrari
En invite une à monter
Pour un petit roman d’été.
Démarrage au quart de tour
Le sable vol’ tout alentour
T’as vu la coup’ de cheveux.
Tout à fait toi mais en plus vieux
Une cage où tourn’nt les boules
C’est le rendez-vous du loto
Tu serais Bachi Ben Bull
T’aurais truqué les numéros
Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept
Ils sortent à la queue leu leu
Ca y est, c’est in the pocket
Le sable est blond, la mer est bleue,
Tu t’achète des copains
Une femm’ pour ta maison
Un’ maîtress’ pour ton jardin
Un jardinier pour ton gazon
Un château dans le Midi
Niché sur les hauts de Menton
Et c’est dans ta Ferrari
Qu’tu descends fair’ tes commissions.